Chansons :

 

Le meilleur des cas


Tu auras une robe blanche pour ta noce
ton mari pour bâtir tes châteaux en Ecosse
ses retours fatigués son appétit féroce
ton corps très dynamique pour calmer son Eros
tu auras tes projets merveilleux tes attentes
tu auras tes dieux domestiques pour prier
tu auras tout ce qui si fortement te tente
tu vas te marier

 

Tu auras ce dont rêvent celles de ton âge
plein d’appareils qui font presque seuls le ménage
tes heures de détente toujours bien réglées
tes petites réunionnites pour râler
tu auras ta maison ou ta maison t’aura
tu auras des fringues chouettes pour les jours fériés
ta machine à laver pour t’offrir de beaux draps
tu vas te marier

 

Tu auras tout ce qui existe de plus cher
dans le genre produits d’entretien pour visage
tes guides de régime pour tes petits dosages
tes amies pour les rencontrer chez la bouchère
tu auras ton chez toi de femme d’intérieur
tu auras ton troquet du coin pour parier
ton compte-épargne pour tes lendemains meilleurs
tu vas te marier

 

Tu auras une vie fleurant bon l’équilibre
et des loisirs télévisés pour tes temps libres
tes bijoux ponctuant tous tes anniversaires
ton baiser sur le front chaque soir très sincère
tu auras tes petites gâteries nocturnes
tu auras tes désirs soigneusement triés
tes sommeils où tu rêveras de fuir ta turne
tu vas te marier

 


Pour quand ?

Il t'aime parce que tu l'aimes lui c'est donnant- donnant
Dès que vous faites plus l’amour ça devient traînant-traînant
Y’a que dans son lit que tes pensées noires disparaissent
Tu souris jaune quand on te dit « Grand bien te fesse »
Tu sais que ça pourra pas durer longtemps comme ça
A te shooter avec son corps comme un forçat
Moi j’suis rien qu’ton copain c’est pas grand chose, d’accord
Mon « Je t’aime » je te l’échange pas contre ton corps.

Derrière ton arbre y’a des forêts
c’est pour que tu t’y aventures
quand tes vrais désirs seront prêts
quand t’auras les nuls à l’usure
quand tu les vendras à l’encan
c’est pour quand, dis-moi, c’est pour quand ?

Sa gentillesse il te l’échange au prix très fort
Mais dès qu’il en peut plus elle sent un peu l’effort
Y’a qu’à l’horizontale qu’elle sonne à peu près juste
Tu sens pourtant qu’il se fout d’toi au dessus du buste
Tu sais qu’au lieu d’tout ça tu pourrais faire plein d’trucs
A maquiller ta vie on dirait que tu la truques
Moi j’suis rien que ton frérot faut m’excuser du peu
Je t’aime, mais rien qu’avec mon cœur, c’est tout c’que j’ peux.

Derrière ta rue y’a des routes
c’est pour que ton œil  s’y hasarde
quand ta vie sera aux écoutes
quand tu veux, le reste, bazarde
quand tu oublieras tes carcans
c’est pour quand, dis-moi, c’est pour quand ?

Son temps c’est pas vraiment à toi qu’il le consacre
Dès qu’il prend plus son pied le reste est simulacre
Y’a que pour ses copains qu’il a du sentiment
Tu prends peur quand ta glace te dit qu’il te ment
Tu sais c’que c’est la joie, t’as plus d’un souvenir
En restant dans ton trou t’es en train d’te jaunir
Moi j’suis rien qu’ton ami ça pèse pas lourd je sais
Je t’aime, mais sans but ni arrière-pensées

Derrière ton ciel bas, l’horizon
c’est pour que ton cœur s’y soulève
quand tu seras au diapason
quand tu déborderas de sève
quand t’auras plus d’amour manquant
c’est pour quand, dis-moi, c’est pour quand ?

 

 

Mumuse

 (En facétieux clin d’œil à la Nuit de Mai, de Musset)

La nuit m’a murmuré « Poète, prends ton rut
et me donne tout simplement tous tes baisers
faut pas vivre à l’économie, faut pas doser
raye les mots pas sûr, peut-être, bof et zut
va déployer ta voile aux lointains alizés »

Alors j’ai plus signé le contrat d’assurance-vie
j’ai résilié l’emprunt bancaire sur 25 ans
je sais même plus si je me marie, surtout pas quand
travail famille patrie je ne suis plus de cet avis

La nuit m’a murmuré « Poète, prends ton rut
et me donne tout simplement tous tes soupirs
faut pas trop réfléchir, il n’y a rien de pire
raye pensées prudentes, plans, desseins et buts
va déployer ton corps aux lointains qui respirent »

Alors j’ai pas signé l’engagement de fonctionnaire
j’ai arrêté de travailler mon petit jardin
je sais même plus si je vais pas me faire baladin
fichiers codes numéros c’est plus bien pour mes nerfs

La nuit m’a murmuré « Poète, prends ton rut
et me donne tout simplement toutes tes transes
faut pas se retenir, n’aie pas le rêve qui cranse
raye le pour le contre les détours les discutes 
va déployer ta joie à des lointains non ranses »

Alors j’ai plus acheté de bagnole à crédit
j’ai viré tout ce qu’est pas liberté au comptant
je sais même plus si je vais faire la seconde mi-temps
métro boulot dodo c’est plus mon paradis

J’ai rayé les pas sûr, peut-être, bof et zut
rayé pensées prudentes, plans, desseins et buts
rayé le pour le contre les détours les discutes
la nuit m’a murmuré « Poète, prends ton rut »

 

 

Va-nu-cœur 

Moi mon cœur passe avant vos bœufs et vos charrues
et je n’ai pas de masque à porter dans les rues
je ne vois pas le monde à travers un blindage
et je ne crois pas que l’amour soit un mirage ;
que les finauds les renseignés les connaisseurs
grattent leur urticaire avec la main de ma sœur
qu’ils inventent le fil à couper l hasard
moi, j’aime aller les yeux fermés dans leur brouillard

Nu cœur, je vais nu cœur
je n’ai pas de rancœur
mon ivresse ma liqueur
c’est d’être un va-nu-cœur

Moi moi cœur n’est pas un passe-partout qui ouvre
entrejambes et tirelires à peu de frais
j’aime trop le hasard et j’aime trop l’air frais
pour faire de ma vie une salle du Louvre
collectionnent les nus et les portraits des femmes
qu’ils en soient eux aussi des pièces du musée
moi, c’est là où ils sont éteints que je m’enflamme

Refrain (id)

Moi mon cœur c’est de vie, d’aventure qu’il rêve
la forge de l’amour fait fondre tous les glaives
mais même si ce cri n’a pas force de loi
il reviendra l’heureux temps d’aimer, moi j’y crois
que les douteux les constipés du cœur les durs
aiguisent leurs talents de taste-gens experts
qu’ils dressent entre eux-mêmes et l’amour des grands murs
moi, je foule nu-cœur leur route, qui se perd

Nu-cœur, allez nu-cœur
n’ayez pas de rancœur
car l’ivresse la liqueur
c’est d’être des va-nu-cœur


 

Bouche bée


Dans les hautes lames de niaiserie
quand ça tempête et que ça tourbillonne
quand les gens sont laids et qu’ils crient
quand le monde devient fou et bouillonne
moi ni je ne pleure ni je ne ris
j’en reste bouche bée tant ça m’étonne
je suis en perdition alors j’écris
ma bouteille est à la mer et je prie
que revienne l’amour et qu’il rayonne
plus de ces mots cruels qui nous bâillonnent
plus de ces hautes lames de niaiserie

Ça me troue ça me traumatise
y’ a de quoi faire son balluchon
que méchanceté et bêtise
soient copines comme cochons

Dans les tempêtes de méchanceté
quand ça tangue fort et que ça secoue
quand les gens sont pleins d’animosité
quand le monde devient un casse-cou
moi ni je ne hurle ni ne me tais
j’en suis bouche bée j’en souffre beaucoup
je fais naufrage alors je veux jeter
mes mots au vent du large pour souhaiter
que revienne la douceur après les coups
plus de ces gestes violents qui secouent
plus de tempêtes de méchanceté

Ça me troue ça me traumatise
y’ a de quoi faire son balluchon
que méchanceté et bêtise
soient copines comme cochons

Dans les creux profonds de l’hypocrisie
quand ça ballote et coule à pic et roule
quand les gens ont le cœur calleux, moisi
quand le monde n’est que roulis et houle
moi ni je ne hais ne m’extasie
j’en suis bouche bée j’ai la chair de poule
j’émets un S.O.S. pour indécis
mon message dans le vent est précis
que tombent tous les masques, les cagoules
plus de ces regards qui sortent d’un moule
plus de creux profonds de l’hypocrisie

Ça me troue ça me traumatise
y’ a de quoi faire son balluchon
que méchanceté et bêtise
soient copines comme cochon
s

 

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